áåñïëàíî ðåôåðàòû

Ðàçäåëû

ðåôåðàòû   Ãëàâíàÿ
ðåôåðàòû   Èñêóññòâî è êóëüòóðà
ðåôåðàòû   Êèáåðíåòèêà
ðåôåðàòû   Ìåòðîëîãèÿ
ðåôåðàòû   Ìèêðîýêîíîìèêà
ðåôåðàòû   Ìèðîâàÿ ýêîíîìèêà ÌÝÎ
ðåôåðàòû   ÐÖÁ öåííûå áóìàãè
ðåôåðàòû   ÑÀÏÐ
ðåôåðàòû   ÒÃÏ
ðåôåðàòû   Òåîðèÿ âåðîÿòíîñòåé
ðåôåðàòû   ÒÌÌ
ðåôåðàòû   Àâòîìîáèëü è äîðîãà
ðåôåðàòû   Êîìïüþòåðíûå ñåòè
ðåôåðàòû   Êîíñòèòóöèîííîå ïðàâî
      çàðóáåæíûéõ ñòðàí
ðåôåðàòû   Êîíñòèòóöèîííîå ïðàâî
      Ðîññèè
ðåôåðàòû   Êðàòêîå ñîäåðæàíèå
      ïðîèçâåäåíèé
ðåôåðàòû   Êðèìèíàëèñòèêà è
      êðèìèíîëîãèÿ
ðåôåðàòû   Âîåííîå äåëî è
      ãðàæäàíñêàÿ îáîðîíà
ðåôåðàòû   Ãåîãðàôèÿ è ýêîíîìè÷åñêàÿ
      ãåîãðàôèÿ
ðåôåðàòû   Ãåîëîãèÿ ãèäðîëîãèÿ è
      ãåîäåçèÿ
ðåôåðàòû   Ñïîðò è òóðèçì
ðåôåðàòû   Ðåôåðàòû Ôèçèêà
ðåôåðàòû   Ôèçêóëüòóðà è ñïîðò
ðåôåðàòû   Ôèëîñîôèÿ
ðåôåðàòû   Ôèíàíñû
ðåôåðàòû   Ôîòîãðàôèÿ
ðåôåðàòû   Ìóçûêà
ðåôåðàòû   Àâèàöèÿ è êîñìîíàâòèêà
ðåôåðàòû   Íàóêà è òåõíèêà
ðåôåðàòû   Êóëèíàðèÿ
ðåôåðàòû   Êóëüòóðîëîãèÿ
ðåôåðàòû   Êðàåâåäåíèå è ýòíîãðàôèÿ
ðåôåðàòû   Ðåëèãèÿ è ìèôîëîãèÿ
ðåôåðàòû   Ìåäèöèíà
ðåôåðàòû   Ñåêñîëîãèÿ
ðåôåðàòû   Èíôîðìàòèêà
      ïðîãðàììèðîâàíèå
 
 
 

Claude Monet

Claude Monet

UNIVERSITE LINGUISTIQUE D’ETAT DE MINSK

CHAIRE DE LA PHONETIQUE FRANCAISE

CLAUDE MONET

Par etudiant du

groupe ¹ 209

du faculte de francais

Joukov Vladimir

Pris par :

Primak P. I.

MINSK 2001

| |Claude Monet par lui-même |

| |En 1900, Monet a atteint la gloire. A |

| |l'occasion d'une exposition parisienne un |

| |journaliste du Temps, Thiébault-Sisson, lui |

| |fait raconter sa vie. Le 26 novembre 1900 le |

| |journal Le Temps publie donc cette |

| |autobiographie où Monet bâtit lui-même sa |

| |légende. Le texte, savoureux et volontiers |

| |anecdotique, n'est pas forcément le reflet |

| |fidèle de la réalité... |

Mon histoire

Je suis un Parisien de Paris. J'y suis né, en 1840, sous le bon roi Louis-

Philippe, dans un milieu tout d'affaires où l'on affichait un dédain

méprisant pour les arts. Mais ma jeunesse s'est écoulée au Havre, où mon

père s'était installé, vers 1845, pour suivre ses intérêts de plus près, et

cette jeunesse a été essentiellement vagabonde. J'étais un indiscipliné de

naissance ; on n'a jamais pu me plier, même dans ma petite enfance, à une

règle. C'est chez moi que j'ai appris le peu que je sais. Le collège m'a

toujours fait l'effet d'une prison, et je n'ai jamais pu me résoudre à y

vivre, même quatre heures par jour, quand le soleil était invitant, la mer

belle, et qu'il faisait si bon courir sur les falaises, au grand air, ou

barboter dans l'eau.

Jusqu'à quatorze ou quinze ans, j'ai vécu, au grand désespoir de mon père,

cette vie assez irrégulière, mais très saine. Entre temps, j'avais appris

tant bien que mal mes quatre règles, avec un soupçon d'orthographe. Mes

études se sont bornées là. Elles n'ont pas été trop pénibles, car elles

s'entremêlaient pour moi de distractions. J'enguirlandais la marge de mes

livres, je décorais le papier bleu de mes cahiers d'ornements ultra-

fantaisistes, et j' y représentais, de la façon la plus irrévérencieuse, en

les déformant le plus possible, la face ou le profil de mes maîtres.

Je devins vite, à ce jeu, d'une belle force. A quinze ans, j'étais connu de

tout Le Havre comme caricaturiste. Ma réputation était même si bien établie

qu'on me sollicitait platement de tous côtés, pour avoir des portraits-

charge. L'abondance des commandes, l'insuffisance aussi des subsides que me

fournissait la générosité maternelle m'inspirèrent une résolution

audacieuse et qui scandalisa, bien entendu, ma famille : je me fis payer

mes portraits. Suivant la tête des gens, je les taxais à dix ou vingt

francs pour leur charge, et le procédé me réussit à merveille. En un mois

ma clientèle eut doublé. Je pus adopter le prix unique de vingt francs sans

ralentir en rien les commandes. Si j'avais continué, je serais aujourd'hui

millionnaire.

La considération, par ces moyens, m'étant venue, je fus un personnage,

bientôt, dans la ville. A la devanture du seul et unique encadreur qui fit

ses frais au Havre, mes caricatures, insolemment, s'étalaient à cinq ou six

de front, dans des baguettes d'or, sou un verre, comme des oeuvres

hautement artistiques, et quand je voyais, devant elles, les badauds en

admiration s'attrouper, crie, en les montrant du doigt, - C'est un tel ! -

j'en crevais d'orgueil dans ma peau.

Il y avait bien une ombre à ce tableau. Dans la même vitrine, souvent,

juste au-dessus de mes produits, je voyais accrochées des marines que je

trouvais, comme la plupart des Havrais, dégoûtantes. Et j'étais, dans mon

for intérieur, très vexé d'avoir à subir ce contact, et je ne tarissais pas

en imprécations contre l'idiot qui, se croyant un artiste, avait eu

le toupet de les signer, contre ce "salaud" de Boudin. Pour mes yeux,

habitués aux marines de Gudin, aux colorations arbitraires, aux notes

fausses et aux arrangements fantaisistes des peintres à la mode, les

petites compositions si sincères de Boudin, ses petits personnages si

justes, ses bateaux si bien gréés, son ciel et ses eaux si

exacts,uniquement dessinés et peints d'après nature, n'avaient rien

d'artistique, et la fidélité m'en paraissait plus que suspecte. Aussi sa

peinture m'inspirait-elle une aversion effroyable, et, sans connaître

l'homme, je l'avais pris en grippe. Souvent l'encadreur me disait : "Vous

devriez faire la connaissance de Monsieur Boudin. Quoi qu'on dise de lui,

voyez-vous, il connaît son métier. Il l'a étudié à Paris, dans les ateliers

de l'école des Beaux-Arts. Il pourrait vous donner de bons conseils".

Et je résistais, je faisais mon faraud. Que pourrait bien m'apprendre un

bonhomme aussi ridicule ?

Un jour vint pourtant, jour fatal, où le hasard me mit en présence de

Boudin, malgré moi. Il était dans le fond de la boutique ; je ne m'étais

pas aperçu de sa présence, et j'entrai. L'encadreur prend la balle au bond

et, sans me demander mon avis, me présente : "Voyez donc, Monsieur Boudin,

c'est ce jeune homme qui a tant de talent pour la charge !" Et Boudin,

immédiatement, venait à moi, me complimentait gentiment de sa voix douce,

me disait : "Je les regarde toujours avec plaisir, vos croquis ; c'est

amusant, c'est leste, c'est enlevé. Vous êtes doué, ça se voit tout de

suite. Mais vous n'allez pas, j'espère, en rester là. C'est très bien pour

un début, mais vous ne tarderez pas à en avoir assez, de la charge.

Etudiez, apprenez à voir et à peindre, dessinez, faites du paysage. C'est

si beau, la mer et les ciels, les bêtes, les gens et les arbres tels que la

nature les a faits, avec leur caractère, leur vraie manière d'être, dans la

lumière, dans l'air, tels qu'ils sont".

Mais les exhortations de Boudin ne mordaient pas. L'homme, tout compte

fait, me plaisait. Il était convaincu, sincère, je le sentais, mais je ne

digérais pas sa peinture, et, quand il m'offrait d'aller dessiner avec lui

en pleins champs, je trouvais toujours un prétexte pour refuser poliment.

L'été vint ; j'étais libre, à peu près, de mon temps ; je n'avais pas de

raison valable à donner ; je m'exécutai de guerre lasse. Et Boudin, avec

une inépuisable bonté, entreprit mon éducation. Mes yeux, à la longue,

s'ouvrirent, et je compris vraiment la nature ; j'appris en même temps à

l'aimer. Je l'analysai au crayon dans ses formes, je l'étudiai dans ses

colorations. Six mois après, en dépit des objurgations de ma mère, qui

commençait à s'inquiéter sérieusement de mes fréquentations et qui me

voyait perdu dans la société d'un homme aussi mal noté que Boudin, je

déclarai tout net à mon père que je voulais me faire peintre, et que

j'allais m'installer à Paris, pour apprendre.

- Tu n'auras pas un sou !

- Je m'en passerai.

Je pus m'en passer, en effet. J'avais depuis longtemps fait ma bourse. Mes

caricatures l'avaient garnie largement. Il m'était souvent arrivé, en un

jour, d'exécuter sept ou huit portraits-charge. A un louis la pièce, mes

rentrées avaient été fructueuses, et j'avais pris l'habitude, dès le

début, de les confier à une de mes tantes, ne me réservant pour mon argent

de poche que des sommes insignifiantes. Avec deux mille francs, à seize

ans, on se croit riche. Je me munis, près de quelques amateurs de peinture

qui protégeaient Boudin, qui avaient des relations avec Monginot, avec

Troyon, avec Amand Gautier, de quelques lettres de recommandation et je

filai dare-dare sur Paris.

Je mis quelque temps, tout d'abord, à me débrouiller. J'allai visiter les

artistes près desquels j'étais introduit. Je reçus d'eux d'excellents

conseils ; j'en reçus aussi de détestables. Troyon ne voulut-il pas me

faire entrer dans l'atelier de Couture ? Avec quelle décision je m'y

refusai, inutile de vous le dire. J'avoue même que cela me refroidit,

momentanément du moins, dans mon estime pour Troyon. Je cessai peu à peu de

le voir et ne me liai plus, tout compte fait, qu'avec des artistes qui

cherchaient. Je rencontrai à ce moment Pissarro qui ne songeait pas encore

à se poser en révolutionnaire et qui travaillait tout bonnement dans la

note de Corot. Le modèle était excellent ; je fis comme lui, mais, tout le

temps de mon séjour à Paris, qui dura quatre années, etb qu'entrecoupèrent

d'ailleurs de fréquents voyages au Havre, c'est sur les conseils de Boudin

que je me réglai, tout enclin que je fusse à voir avec plus de largeur la

nature.

J'atteignis ainsi mes vingt ans. L'heure de la conscription allait sonner.

Je la vis approcher sans terreur. Ma famille de même. On ne m'avait pas

pardonné ma fugue, on ne m'avait laissé vivre à mon gré, durant ces quatre

années, que parce qu'on espérait me pincer au tournant du service

militaire. On supposait que, ma gourme une fois jetée, je me trouverais

suffisamment assagi pou rentrer, sans trop me faire prier, chez les miens

et me plier enfin aux affaires. Sur mon refus, on me couperait les vivres,

et, si je tirais un mauvais numéro, on me laisserait partir.

On se trompait. Les sept années qui paraissaient si dures à tant d'autres

me paraissaient à moi pleines de charmes. Un ami qui était un "chass d'Af"

et qui adorait la vie militaire, m'avait communiqué son enthousiasme et

insufflé son goût d'aventures. Rien ne me semblait attirant comme les

chevauchées san fin au grand soleil, les razzias, le crépitement de la

poudre, les coups de sabre, les nuits dans le désert sous la tente et je

répondis à la mise en demeure de mon père par un geste d'indifférence

superbe. J'amenai un mauvais numéro. J'obtins, sur mes instances, d'être

versé dans un régiment d'Afrique et je partis.

Je passai en Algérie deux années qui, réellement, furent charmantes. Je

voyais sans cesse du nouveau ; je m'essayais, dans mes moments de loisir, à

le rendre. Vous n'imaginez pas à quel point j'y appris et combien ma vision

y gagna. Je ne m'en rendis pas compte tout d'abord. Les impressions de

lumière et de couleur que je reçus là-bas ne devaient que plus tard se

classer : mais le germe de mes recherches futures y était.

Je tombai malade, au bout de deux ans, très gravement. On m'envoya me

refaire au pays. Les six mois de convalescence s'écoulèrent à dessiner et à

peindre avec un redoublement de ferveur. A me voir ainsi m'acharner, tout

miné que je fusse par la fièvre, mon père se convainquit qu'aucune volonté

ne me briserait, qu'aucune épreuve n'aurait raison d'une vocation aussi

déterminée, et, tant par lassitude que par crainte de me perdre, car le

médecin lui avait laissé entrevoir cette éventualité, dans le cas où je

retournerais en Afrique, se décida vers la fin de mon congé à me racheter.

"Mais il est bien entendu, me dit-il, que tu vas travailler, cette fois,

sérieusement. Je veux te voir dans un atelier, sous la discipline d'un

maître connu. Si tu reprends ton indépendance, je te coupe sans barguigner

ta pension. Est-ce dit ?" La combinaison ne m'allait qu'à moitié, mais je

sentis bien qu'il était nécessaire, pour une fois que mon père entrait dans

mes vues, de ne pas le rebuter. J'acceptai. Il fut convenu que j'aurais à

Paris, dans la personne du peintre Toulmouche, qui venait d'épouser une de

mes cousines, un tuteur artistique qui me guiderait et fournirait le compte

rendu régulier de mes travaux.

Je débarquai un beau matin chez Toulmouche avec un stock d'études dont il

se déclara enchanté. "Vous avez de l'avenir, me dit-il, mais il faut

canaliser votre élan. Vous allez entrer chez Monsieur Gleyre. C'est le

maître rassis et sage qu'il vous faut". Et j'installai en maugréant mon

chevalet dans l'atelier d'élèves que tenait cet artiste célèbre. J'y

travaillai, la première semaine, en conscience, et j'enlevai avec autant

d'application que de fougue mon étude de nu d'après le modèle vivant que

Monsieur Gleyre corrigeait le lundi. Quand il passa, la semaine d'après,

devant moi, il s'assit, et, solidement calé sur ma chaise, regarda

attentivement le morceau. Je le vois ensuite se retourner, inclinant d'un

air satisfait sa tête grave, et je l'entends me dire en souriant : "Pas mal

! pas mal du tout, cette affaire-là, mais c'est trop dans le caractère du

modèle. Vous avez un bonhomme trapu : vous le peignez trapu. Il a des pieds

énormes : vous les rendez tels quels. C'est très laid, tout ça. Rappelez-

vous donc, jeune homme, que, quand on exécute une figure, on doit toujours

penser à l'antique. La nature, mon ami, c'est très bien comme élément

d'étude, mais ça n'offre pas d'intérêt. Le style, voyez-vous, il n'y a que

ça".

J'étais fixé. La vérité, la vie, la nature, tout ce qui provoquait en moi

l'émotion, tout ce qui constituait à mes yeux l'essence même, la raison

d'être unique de l'art, n'existait pas pour cet homme. Je ne resterais pas

chez lui. Je ne me sentais pas né pour ercommencer à sa suite les Illusions

perdues et autres balançoires. Alors à quoi bon persister ?

J'attendis toutefois quelques semaines. Pour ne pas exaspérer ma famille,

je continuai à faire acte de présence, mais le temps d'exécuter d'après le

modèle une pochade, d'assister à la correction..., et je filais. J'avais

trouvé, d'ailleurs, à l'atelier, des compagnopns qui me plaisaient, des

natures qui n'avaient rien de banal. C'étaient Renoir et Sisley, que je ne

devais plus désormais perdre de vue ; c'était Bazille, qui devint aussitôt

mon intime, et qui aurait fait parler de lui, s'il avait vécu. Ni les uns

ni les autres ne mainfestaient plus que moi d'enthousiasme pour un

enseignement qui contrariait à la fois leur logique et leur tempérament. Je

leur prêchai immédiatement la révolte. L'exode résolu, on partit, et nous

prîmes un atelier en commun, Bazille et moi.

J'ai oublié de vous dire que, depuis peu, j'avais fait la connaissance de

Jongkind. Pendant mon congé de convalescence, un bel après-midi, je

travaillais aux environs du Havre dans une ferme. Une vache pâturait dans

un pré : l'idée me vint de dessiner la bonne bête. Mais la bonne bête était

capriceuse, et, à chaque instant, se déplaçait. Mon chevalet d'une main, ma

sellette de l'autre, je la suivais pour retrouver tant bien que mal mon

point devue. Mon manège devait être fort drôle car un grand éclat de rire,

derrière moi retentit. Je me retourne et je vois un colosse qui pouffe.

Mais le colosse était un bon diable. "Attendez, me dit-il, que je vous

aide". Et le colosse, à grandes enjambées, rejoint la vache et,

l'empoignant par les cornes, veut la contraindre à poser. La vache, qui

n'en avait pas l'habitude, se rebiffe. C'est à mon tour, cette fois,

d'éclater. le colosse, tout déconfit, lâche la bête et vient faire la

causette avec moi.

C'était un Anglais de passage, très amoureux de peinture et très au

courant, ma foi, de ce qui se passait chez nous :

- Alors vous faites du paysage, me dit-il.

- Mon Dieu, oui.

- Connaissez-vous Jongkind ?

- Non, mais j'ai vu de sa peinture.

- Qu'en dites-vous ?

- C'est rudement fort.

- Vous êtes dans le vrai. Savez-vous qu'il est ici ?

- Ah bah ?

- Il habite à Honfleur. Auriez-vous plaisir à le connaître ?

- Fichtre oui. Mais vous êtes donc de ses amis ?

- Je ne l'ai jamais vu, mais dès que j'ai su sa présence, je lui ai envoyé

ma carte. C'est une entrée en matière. Je vais l'inviter à déjeuner avec

vous.

L'Anglais, à ma grande surprise, tint parole et, le dimanche suivant, nous

déjeunions tous trois de compagnie. Jamais repas ne fut si gai. En plein

air, dans un jardinet de campagne, sous les arbres, en face d'une bonne

cuisine rustique, son verre plein, entre deux admirateurs dont la sincérité

ne faisait pas de doute, Jongkind ne se sentait pas d'aise. L'imprévu de

l'aventure l'amusait : il n'était pas habitué, d'ailleurs, à êtrerecherché

de la sorte. Sa peinture était trop nouvelle et d'une note bien trop

artistique pour qu'on l'appréciât, en 1862, à son prix. Nul, aussi, ne

savait moins se faire valoir. C'était un brave homme tout simple, écorchant

abominablement le français, très timide. Il fut très expansif ce jour-là.

Il se fit montrer mes esquisses, m'invita à venir travailler avec lui,

m'expliqua le comment et le pourquoi de sa manière et compléta par là

l'enseignement que j'avais déjà reçu de Boudin. Il fut, à partir de ce

moment, mon vrai maître, et c'est à lui que je dus l'éducation définitive

de mon oeil.

Je le revis à Paris très souvent. Ma peinture, ai-je besoin de le dire, y

gagna. Les progrès que je fis furent rapides. Trois ans après, j'exposais.

Les deux marines que j'avais envoyées furent reçues avec un numéro un,

accrochées sur la cimaise en belle place. Ce fut un gros succès. Même

unanimité dans l'éloge, en 1866, pour un grand portrait que vous avez vu

chez Durand-Ruel fort longtemps, la Femme en vert. Les journaux portèrent

mon nom jusqu'au Havre. La famille me rendit enfin son estime. Avec

l'estime revint la pension. Je nageai dans l'opulence, provisoirement du

moins, car on devait se rebrouiller par la suite, et je me lançai à corps

perdu dans le plein air.

C'était une dangereuse nouveauté. Nul n'en avait fait jusque là, pas même

Manet qui ne s'y essaya que plus tard, après moi. Sa peinture était encore

très classique, et je me souviens toujours du mépris avec lequel il parla

de mes débuts. C'était en 1867 : ma manière s'était accusée, mais elle

n'avait rien de révolutionnaire, à tout prendre,. J'étais loin d'avoir

encore adopté le principe de la division des couleurs qui ameuta contre moi

tant de gens, mais je commençais à m'y essayer partiellement et je

m'exerçais à des effets de lumière et de couleur qui heurtaient les

habitudes reçues. Le jury, qui m'avait si bien accueilli tout d'abord, se

retourna contre moi, et je fus ignominieusement blackboulé quand je

présentai cette peinture nouvelle au Salon.

Je trouvai tout de même un moyen d'exposer, mais ailleurs. Touché par mes

supplications, un marchand qui avait sa boutique rue Auber consentit à

mettre en montre une marine refusée au Palais de l'Industrie. Ce fut un

tollé général. Un soir que je m'étais arrêté dans la rue, au milieu d'une

troupe de badauds, pour entendre ce qu'on disait de moi, je vois arriver

Manet avec deux ou trois de ses amis. Le groupe s'arrête, regarde, et

Manet, haussant les épaules, s'écrie dédaigneusement : "Voyez-vous ce jeune

homme qui veut faire du plein air ? Comme si les anciens y avaient jamais

songé !"

Manet avait d'ailleurs contre moi une vieille dent. Au Salon de 1866, le

jour du vernissage, il avait été accueilli, dès l'entrée par des

acclamations. "Excellent, mon cher, ton tableau !" Et des poignées de main,

des bravos, des félicitations. Manet, comme vous pouvez le penser,

exultait. Quelle ne fut pas sa surprise quand il s'aperçut que la toile

dont on le félicitait était de moi. C'était la Femme en vert. Et le malheur

avait voulu que, s'esquivant, il tombât sur un groue dont Bazille et moi

nous étions. "Comment va ? lui dit un des nôtres. - Ah ! mon cher, c'est

dégoûtant, je suis furieux. On ne me fait compliment qued'un tableau qui

n'est pas de moi. C'est à croire à une mystification".

Quand Astruc, le lendemain, lui apprit que son mécontentement s'était

exhalé devant l'auteur même du tableau et qu'il lui proposa de me présenter

à lui, Manet, d'un grand geste, refusa. Il me gardait rancune du tour que

je lui avais joué sans le savoir. Une seule fois on l'avait félicité d'un

coup de maître et ce coup de maître avait été frappé par un autre. Quelle

amertume pour une sensibilité à vif comme la sienne.

Ce fut en 1869 seulement que je le revis, mais pour entrer dans son

intimité aussitôt. Dès la première rencontre il m'invita à venir le

retrouver tous les soirs dans un café des Batignolles où ses amis et lui se

réunissaient, au sortir de l'atelier, pour causer. J'y rencontrai Fantin-

Latour et Cézanne, Degas, qui arriva peu après d'Italie, le critique d'art

Duranty, Emile Zola qui débutait alors dans les lettres, et quelques autres

encore. J'y amenai moi-même Sisley, Bazille et Renoir. Rien de plus

intéressant que ces causeries, avec leur choc d'opinions perpétuel. On s'y

tenait l'esprit en haleine, on s'y encourageait à la recherche

désintéressée et sincère, on y faisait des provisions d'enthousiasme qui,

pendant des semaines et des semaines, vous soutenaient jusqu'à la mise en

forme définitive de l'idée. On en sortait toujours mieux trempé, la volonté

plus ferme, la pensée plus nette et plus claire.

La guerre vint. Je venais de me marier. Je passai en Angleterre. Je trouvai

à Londres Bonvin, Pissarro. J'y connus aussi la misère. L'Angleterre ne

voulait pas de nos peintures. C'était rude. Un hasard me fit rencontrer

Daubigny, qui naguère m'avait témoigné de l'intérêt. Il exécutait alors des

vues de la Tamise qui plaisaient beaucoup aux Anglais. Ma situation l'émut.

"Je vois ce qu'il vous faut, me dit-il ; je vais vous amener un marchand".

Je faisais la connaissance, le lendemain, de Durand-Ruel.

Et Durand-Ruel, pour nous, fut le sauveur. Pendant quinze ans et plus, ma

peinture et celle de Renoir, de Sisley, de Pissarro n'eurent d'autre

débouché que le sien. Un jour vint où il lui fallut se restreindre, espacer

ses achats. Nous croyions voir la ruine : c'était le succès qui arrivait.

Proposés à Petit, aux Boussod, nos travaux trouvèrent en eux des acheteurs.

On les trouva tout de suite moins mauvais. Chez Durand-Ruel, on n'en eût

pas voulu ; on prenait confiance chez les autres. On acheta. Le branle

était donné. Tout le monde veut tâter de nous aujourd'hui.

Claude Monet

Propos recueillis par Thiébault-Sisson

Publié le 26 novembre 1900 dans le journal "Le Temps"

Illustrations originales de Maxence Thiberge

[pic]

Le nom de Monet est étroitement lié à l'histoire de l'impressionnisme, à

sa genèse, à son évolution, à sa conclusion : C'est là son premier titre de

gloire.

Qu'est ce que l'impressionnisme :

Plus qu'une école, l'impressionnisme définit une recherche commune : il

s'agit, non plus tant de rendre compte de la permanence et de la stabilité

de la réalité, mais bien plutôt d'exprimer la nature (et notamment les

paysages) dans ce qu'elle a de mouvant, de transitoire. Techniquement,

cette approche se traduit par la fragmentation et la juxtaposition des

couleurs primaires et de leurs complémentaires, procédés visant à produire

des "vibrations colorées".

Son origine :

Le mot impressionnisme pour définir cette période de l'art est issu d'une

peinture de Monet nommée impression, soleil levant. Celle-ci a été peinte

au Havre. En effet à la suite d'un article paru dans le Charivari où Louis

Leroy prenait pour cible le tableau de Monet, en le taxant ironiquement d'

"impressionniste", le terme fut retenu dès lors par le groupe de peintres

incriminé et par la critique.

Les paysages :

Monet est connu entre autre pour ses splendides paysages. Les

impressionnistes préfèrent peindre la nature bucolique et la campagne au

paysage gris et noir des villes. Ainsi peuvent exploser les couleurs.

L'obsession de la lumière :

Monet observe l'instantanéité : C'est-à-dire la même lumière répandue

partout. Ses premiers tableaux portant sur la lumière sont des meules de

foin normandes à différents moment de la journée et de l'année (ces

tableaux remporteront un énorme succès). S'ensuit des séries d'études sur

la cathédrale de Rouen et sur son jardin à Giverny.

[pic]

En quelques mots...

En dehors de quelques voyages, le grand représentant de l'impressionnisme

n'a jamais vraiment quitté les boucles de la Seine, depuis son enfance au

Havre, sa jeunesse à Paris, puis la fréquentation assidue de Bougival et

d'Argenteuil, jusqu'à son installation à Giverny. De la caricature à la

peinture d'après nature

De la caricature à la peinture d'après nature

Le peintre de plein air Eugène Boudin ayant, vers 1858, remarqué les

talents de caricaturiste de Claude Monet, invite celui-ci à travailler «sur

le motif». C'est une expérience décisive pour le jeune homme. L'année

suivante, Monet quitte Le Havre, où il a passé son enfance et sa jeunesse,

pour se rendre à Paris. Les encouragements du peintre animalier Constant

Troyon (1810-1865) décident Claude Monet à prolonger son séjour dans la

capitale. Il refuse toutefois de s'inscrire à l'atelier de Thomas Couture

(1815-1879) et choisit l'enseignement de l'Académie suisse, où il rencontre

Camille Pissarro. Après deux années de service militaire accompli en

Algérie, Monet, de retour à Paris, entre en 1862 dans l'atelier du peintre

Charles Gleyre. Comme Boudin l'avait incité à peindre en plein air, il

persuade à son tour ses condisciples Frédéric Bazille (1841-1870), Renoir

et Sisley de le suivre en forêt de Fontainebleau. Au mois de mai 1864,

Bazille se joint à lui pour travailler sur les côtes normandes, en

compagnie de Boudin et du Hollandais Jongkind (1819-1891).

L'aurore impressionniste

Pour Monet la peinture est une occupation obsessionnelle, à laquelle un

artiste doit tout sacrifier. Le travail de ses débuts, bien qu'en rupture

avec la peinture d'atelier, laisse apparaître un certain nombre

d'influences: la manière de Corot est visible dans le Pavé de Chailly

(1865), la leçon de Boudin et Jongkind soigneusement mise à profit dans la

Jetée de Honfleur (1864) et l'exemple de Manet fidèlement suivi dans

Camille Monet au petit chien (1866). Monet opère avec Femmes au jardin

(1867) une rupture avec la représentation «classique» du paysage qui était

traditionnellement attachée à la transposition d'un état d'âme; cette

peinture traduit immédiatement, c'est-à-dire sans la médiation d'intentions

«romantiques», un instant fugitif de l'éclat de la nature au printemps.

Cette ?uvre, qui relève encore de la technique de Manet, fut refusée au

Salon de 1867, et achetée par Bazille pour aider Monet (en juin 1868,

Monet, dans la misère, tentera de se suicider). On peut voir aussi dans

cette toile la recherche «impressionniste» d'une atmosphère directement

saisissable.

L'apparence et la réalité

L'hiver 1868-1869, Monet, au cours d'un séjour à Étretat, peint l'un de ses

nombreux paysages de neige, la Pie , où l'oiseau n'est qu'une ponctuation

se détachant sur la toile envahie d'une multitude de «blancs» différents.

Au cours d'un séjour à Bougival, l'été 1869, Monet travaille en compagnie

de Renoir. Les deux peintres, rendant systématique le principe de la

division des tons (Monet: la Grenouillère), inaugurent la vision nouvelle

qui bientôt fait école. À la fin de l'année 1870, Monet rejoint Pissarro à

Londres, où le paysagiste Daubigny le présente au marchand de tableaux Paul

Durand-Ruel. Durant son séjour en Angleterre, il exécute d'admirables

paysages de brume, dont le Parlement de Londres (1871). Après un passage en

Hollande, où il se rend acquéreur d'estampes japonaises qui lui révèlent

des procédés audacieux de cadrage, Monet regagne la France en 1871, peu

après la fin de la guerre. Dans les derniers jours de la même année, il

s'installe à Argenteuil, créant dans cette petite commune des bords de la

Seine le véritable foyer du mouvement impressionniste. Son tableau

Impression, soleil levant (musée Marmottan, Paris), peint en 1872 au Havre,

est la cible de l'exposition de groupe organisée le 15 avril 1874 chez le

photographe Nadar. Même dans ses paysages urbains (série des vues de la

Gare Saint-Lazare , 1876-1877), Monet exerce sa vision sur ce qu'il appelle

un «maximum d'apparences, en étroites corrélations avec les réalités

inconnues».

Giverny

En 1878, le peintre s'installe à Vétheuil avant de s'établir

définitivement, cinq ans plus tard, à Giverny, où il résidera jusqu'à la

fin de sa vie. À l'issue d'un séjour dans le Midi, en 1888, il expose à

Paris Dix marines d'Antibes, pour lesquelles Mallarmé lui manifeste son

admiration: «Il y a longtemps que je mets ce que vous faites au-dessus de

tout, mais je vous crois dans votre plus belle heure.» Après la série des

Peupliers et des Meules exécutée en 1890-1891, Monet peint, dans un souci

de plus en plus marqué de la lumière et des apparences fugitives de

l'instant, la série des Cathédrales de Rouen (1892-1894).

Les séries

On ne saurait attacher trop d'attention à ce travail par séries dans la

production de la maturité de Claude Monet. D'une série à l'autre, une

progression apparaît à la fois dans le principe (un schéma de composition

de plus en plus uniforme à l'intérieur de chaque série) et dans le choix du

sujet : aux motifs naturels (peupliers, meules), insignifiants et

interchangeables que lui fournissent les environs de Giverny, succède celui

d'une architecture sacrée, unique, illustre et immuable, la façade de la

cathédrale de Rouen. En entreprenant ces séries, puis en les sacralisant en

quelque sorte par le choix d'une cathédrale célèbre, Monet confère une

dignité supérieure au principe impressionniste fondamental : : l'analyse

des variations de la lumière n'est pas seulement bonne pour représenter des

promeneurs à la campagne ou des pêcheurs au bord de l'eau. Par une démarche

qui annonce celle des peintres philosophes comme Kandinsky ou Malévitch,

une intention théorique, presque éthique, prend ici le pas sur l'exécution.

Plus encore que celle des Meules, la série des Cathédrales, puis celle, en

très grand format, des Nymphéas constituent un fait pictural nouveau : ce

sont des ?uvres où l'intention passe avant le souci de la représentation.

Un peu avant 1900, et jusqu'à la fin de sa vie, Monet s'attache en effet à

prendre comme seul motif le bassin aux nymphéas de son jardin de Giverny.

Dans une souveraine indifférence au sujet, les variations sur le thème du

plan d'eau portent jusqu'aux extrêmes limites de ses conséquences la

«manière impressionniste». Cette prodigieuse série de Nymphéas , commencée

en 1916 et achevée l'année même de la mort du peintre, est un don à l'État.

En 1927, les huit grandes compositions sont installées à l'Orangerie des

Tuileries. Les grands Nymphéas peuvent être aujourd'hui regardés comme

l'une des plus étonnantes représentations picturales du «flux incessant des

idées songeuses, sauvages, non retenues et à vrai dire non pensables»

(Francis Ponge).

Les travaux de Monet

Claude MONET fut un artiste professionnel : non seulement il n'a jamais eu

d'autre source de revenus que la peinture mais il a interprété sa vie

entière en peinture. Elève au collège du Havre il vend autour de lui des

caricatures de ses professeurs et des notables de la ville. Puis du bonheur

de la vie familiale au drame de la mort de sa femme Camille, tout devient

sujet. Il semble qu'il lui est impossible d'exprimer autrement ses émotions

que sous la forme d'une oeuvre d'art. Et quel Art !

Il aborde très vite (dès 1864) son modèle principal, l'extérieur et il y

est encouragé par Eugène Boudin.

| | | |

|"Le Déjeuner |[pic] | |

|sur l'Herbe" |"Le Déjeuner sur l'Herbe" | |

|(130 x 181 cm)|Claude MONET 1865 | |

|est son |Ses amis peintres Bazille et Lambron sont ses modèles | |

|premier chef |masculins, Camille Doncieux y apparaît pour la première | |

|d'oeuvre. |fois. | |

|Du "Déjeuner |"Je ne pense qu'à mon tableau, et si je savais le manquer,| |

|sur l'herbe" |je crois que j'en deviendrais fou." | |

|de Manet qui |Claude Monet | |

|avait fait | | |

|scandale au | | |

|Salon en 1863,| | |

|Monet reprend | | |

|le thème et la| | |

|façon. | | |

|Il travaille | | |

|en atelier | | |

|d'après des | | |

|croquis faits | | |

|dans la | | |

|nature. | | |

|A cette époque|[pic] | |

|Monet qui a |"Terrasse à Sainte-Adresse" | |

|épousé Camille|Claude MONET 1867 | |

|et vit à Paris| | |

|revient | | |

|souvent au | | |

|Havre près de | | |

|sa famille. Il| | |

|commence à | | |

|être connu et | | |

|se met ainsi à| | |

|l'abri des | | |

|critiques | | |

|parisiens qui | | |

|entretiennent | | |

|sa rivalité | | |

|avec Manet. | | |

|"Plus je vais | | |

|plus je | | |

|regrette le | | |

|peu que je | | |

|sais. C'est | | |

|cela qui me | | |

|gêne le plus, | | |

|c'est | | |

|certain." | | |

|Claude Monet | | |

|Claude et |[pic] | |

|Camille MONET |"La Pie" | |

|ont maintenant|Claude MONET 1869 | |

|un fils : |Musée d'Orsay, Paris | |

|Jean. Lorsque | | |

|l'hiver arrive| | |

|la petite | | |

|famille | | |

|s'installe à | | |

|Etretat. Là, | | |

|Claude Monet | | |

|peint la mer | | |

|mais aussi la | | |

|campagne de | | |

|l'arrière pays| | |

|normand. | | |

|"Je vais dans | | |

|la campagne | | |

|qui est si | | |

|belle ici, que| | |

|je trouve | | |

|peut-être plus| | |

|agréable | | |

|encore l'hiver| | |

|que l'été." | | |

|Claude Monet | | |

| |Monet est rentré à Paris mais la guerre menace. Comme | |

| |beaucoup de ses amis peintres il s'exile alors d'abord à | |

| |Londres puis en Hollande où il fera l'acquisition de ses | |

| |premières estampes japonaises. Lorsqu'ils rentrent en | |

| |France Monet et les siens s'installent à Paris. En janvier| |

| |1872 ils déménagent à Argenteuil. Dès les premiers beaux | |

| |jours Monet réalise ce portrait qui représente sans doute | |

| |Camille. | |

|Monet avait |[pic] | |

|d'abord appelé|"Impression, soleil levant" | |

|ce tableau |Claude MONET 1873 | |

|représentant |Musée Marmottan, Paris | |

|le port du | | |

|Havre au petit| | |

|matin | | |

|"Marine". Mais| | |

|comme Edmond | | |

|Renoir | | |

|réclamait un | | |

|titre plus | | |

|précis pour | | |

|l'inscrire au | | |

|catalogue de | | |

|l'exposition | | |

|de 1874 chez | | |

|le photographe| | |

|Nadar, Claude | | |

|Monet lui | | |

|répondit : | | |

|"Mettez donc | | |

|Impression, | | |

|soleil | | |

|levant". | | |

|Le tableau | | |

|déchaina la | | |

|critique et | | |

|donna son nom | | |

|au mouvement. | | |

| | | |

|L'impressionni| | |

|sme était né. | | |

|C'est le 2 |[pic] | |

|janvier 1872 |"Les Coquelicots à Argenteuil" | |

|que Claude |Claude MONET 1873 | |

|MONET pend la |Nadar reste l'une des oeuvres les plus célèbres et les | |

|crémaillère à |plus représentatives du mouvement impressionniste | |

|Argenteuil. A |naissant. | |

|cette époque | | |

|cette actuelle| | |

|banlieue | | |

|parisienne est| | |

|encore une | | |

|petite ville | | |

|de 8000 | | |

|habitants | | |

|entourée de | | |

|champs. | | |

|"Les | | |

|coquelicots à | | |

|Argenteuil", | | |

|exposé avec | | |

|"Impression, | | |

|soleil levant"| | |

|à l'exposition| | |

|de 1874 chez | | |

|le photographe| | |

|A Argenteuil, |[pic] | |

|Claude MONET |"Peupliers, près d'Argenteuil" | |

|nous livre son|Claude MONET 1875 | |

|plaisir d'être| | |

|tout | | |

|simplement | | |

|dans la | | |

|nature. De | | |

|simples champs| | |

|et quelques | | |

|arbres sont le| | |

|cadre de | | |

|personnages | | |

|qui flânent. | | |

| |

|A Argenteuil Claude |[pic] | |

|MONET va retrouver un |"Le bassin d'Argenteuil" | |

|thème qui lui est cher :|Claude MONET 1872 | |

|les bateaux. |Musée d'Orsay, Paris | |

|La présence du pont crée|[pic] | |

|un contraste de lumières|"Le Pont d'Argenteuil" | |

|dans les reflets qui |Claude MONET 1874 | |

|n'est pas sans rappeller|Musée d'Orsay, Paris | |

|celui que Claude MONET | | |

|recréera volontairement | | |

|à Giverny par le Pont | | |

|Japonnais. | | |

|Claude MONET s'installe |[pic] | |

|à Vétheuil au mois |"Sentier dans les coquelicots, île | |

|d'août 1878. Son travail|Saint-Martin" | |

|est entravé par le |Claude MONET 1880 | |

|climat épouvantable de | | |

|cet été 78 et de l'hiver| | |

|très rude 1878-79. Après| | |

|les difficultés | | |

|financières et le drame | | |

|de la mort de Camille, | | |

|Claude MONET remonte la | | |

|pente au printemps 1880.| | |

|Cette vision bucolique | | |

|d'une nature en pleine | | |

|floraison en est le | | |

|témoin. | | |

|Monet possédait un |[pic] | |

|bateau et traversait |"Vétheuil en été" | |

|souvent la Seine pour |Claude MONET 1880 | |

|peindre Vétheuil depuis | | |

|le village de Lavacourt | | |

|sur la rive opposée. Il | | |

|a même loué une chambre | | |

|à Lavacourt pour | | |

|travailler plus | | |

|commodément. | | |

|Fasciné par l'eau, |[pic] | |

|sa transparence et ses |"La Seine à Vétheuil" | |

|reflets, Claude MONET a |Claude MONET 1879 | |

|toujours vécu à |Musée des Beaux-Arts et de la Céramique, | |

|proximité de la Seine. |Rouen, France | |

|Du Havre à Giverny il | | |

|séjournera | | |

|successivement à Paris, | | |

|à Argenteuil, à Poissy | | |

|et à Vétheuil. | | |

|"C'est un |[pic] | |

|pays |"Bordighera" | |

|féerique et |Claude MONET 1884 | |

|terriblement| | |

|difficile, | | |

|il faudrait | | |

|une palette | | |

|de diamants | | |

|et de | | |

|pierreries."| | |

| | | |

|Claude Monet| | |

|"Je suis à merveille |[pic] | |

|pour peindre; c'est tout|"Champ de tulipes, Hollande" | |

|ce que l'on peut trouver|Claude MONET 1886 | |

|de plus amusant, des |Musée d'Orsay, Paris | |

|maisons de toutes les | | |

|couleurs, des moulins | | |

|par centaines, des | | |

|bateaux ravissants." | | |

|Claude Monet | | |

|"Ici, il y a à peindre |[pic] | |

|pour la vie." |"A Sassenheim près de Haarlem, champ de | |

|Claude Monet |tulipes" | |

| |Claude MONET 1886 | |

|"C'est si clair, si pur |[pic] | |

|de rose et de bleu que |"Maison du jardinier à Antibes" | |

|la moindre touche pas |Claude MONET 1888 | |

|juste fait une tache de | | |

|saleté." | | |

|Claude Monet | | |

|"Ce que je |[pic] | |

|rapporterai d'ici sera |"Antibes vue de la Salis" | |

|la douceur même, du blan|Claude MONET 1888 | |

|c, du rose, du bleu, | | |

|tout cela enveloppé de | | |

|cet air féérique." | | |

|Claude Monet | | |

|"Londres n'est pas un |[pic] | |

|endroit où l'on puisse |"Londres, Waterloo Bridge" | |

|finir un travail ; on ne|Claude MONET 1900 | |

|peut trouver deux fois | | |

|le même effet." | | |

|Claude Monet | | |

|"Je ne peux pas vous |[pic] | |

|envoyer une seule toile |"Waterloo Bridge, effet de soleil" | |

|des Londres, parce que |Claude MONET 1903 | |

|pour le travail que je | | |

|fais il m'est | | |

|indispensable de les | | |

|avoir toutes sous les | | |

|yeux, (...) car ce que | | |

|je fais là est du plus | | |

|délicat." | | |

|Claude Monet | | |

|à Paul Durand-Ruel | | |

|[pic]"Monet |[pic] | |

|travaille |"Venise, le Grand Canal" | |

|avec ardeur,|Claude MONET 1908 | |

|et a été | | |

|complètement| | |

|empoigné par| | |

|Venise !" | | |

|Alice | | |

|Hoschedé-Mon| | |

|et | | |

| | | |

|"Le temps |[pic] | |

|est |"Saint-Georges Majeur au crépuscule" | |

|merveilleux |Claude MONET 1908 | |

|en ce | | |

|moment, bien| | |

|qu'un peu | | |

|froid le | | |

|matin, mais | | |

|c'est si | | |

|beau qu'on | | |

|n'a pas le | | |

|temps d'y | | |

|penser." | | |

|Alice | | |

|Hoschedé-Mon| | |

|et | | |

|A Argenteuil|[pic] | |

|pour la |"Le Jardin de Monet à Argenteuil (les Dahlias)" | |

|première |Claude MONET 1873 | |

|fois Monet | | |

|découvre la | | |

|joie | | |

|de posséder | | |

|un jardin. | | |

|Renoir a | | |

|représenté | | |

|son ami | | |

|peignant | | |

|cette toile | | |

|dans "Claude| | |

|Monet | | |

|peignant | | |

|dans son | | |

|jardin à | | |

|Argenteuil."| | |

| | | |

|"Quant aux |[pic] | |

|couleurs que|"Le Parc Monceau" | |

|j'emploie, |Claude MONET 1876 | |

|est-ce | | |

|si intéressa| | |

|nt que cela | | |

|? Je ne le | | |

|pense pas, | | |

|attendu | | |

|qu'on peut | | |

|faire plus | | |

|lumineux | | |

|et mieux | | |

|avec toute | | |

|autre | | |

|palette. Le | | |

|grand point | | |

|est de | | |

|savoir se | | |

|servir des | | |

|couleurs, | | |

|dont le | | |

|choix n'est | | |

|en somme | | |

|qu'affaire | | |

|d'habitude..| | |

|. " | | |

|Claude Monet| | |

|"Comment |[pic] | |

|peut-on vivre |"Printemps, Giverny" | |

|à Paris ? |Claude MONET 1890 | |

|C'est l'enfer.| | |

|Je préfère mes| | |

|fleurs et | | |

|cette colline | | |

|qui entoure la| | |

|Seine à tous | | |

|vos bruits et | | |

|lumières | | |

|nocturnes." | | |

|Claude Monet | | |

|"Ca été une |[pic] | |

|drôle |"Peupliers au bord de l'Epte, effet du soir" | |

|d'histoire ! |Claude MONET 1891 | |

|J'ai dû | | |

|acheter les | | |

|peupliers pour| | |

|achever de les| | |

|peindre. (...)| | |

|La commune de | | |

|Limetz les | | |

|avait mis en | | |

|adjudication. | | |

|(...) Je | | |

|n'avais plus | | |

|que la | | |

|ressource de | | |

|me présenter | | |

|aux enchères, | | |

|perspective | | |

|sans agrément,| | |

|car je me | | |

|disais : "on | | |

|va te faire | | |

|payer cher ta | | |

|fantaisie, mon| | |

|bonhomme!" | | |

|Alors j'eus | | |

|l'idée de | | |

|m'adresser à | | |

|un marchand de| | |

|bois qui | | |

|désirait la | | |

|coupe. Je lui | | |

|demandai | | |

|jusqu'à quel | | |

|prix il | | |

|comptait | | |

|pousser, | | |

|m'engageant à | | |

|mettre le | | |

|surplus si les| | |

|enchères | | |

|dépassaient | | |

|son chiffre, à| | |

|condition | | |

|qu'il achetât | | |

|à ma place et | | |

|laissât | | |

|quelques mois | | |

|encore les | | |

|arbres sur | | |

|pied. Ainsi | | |

|fut fait, non | | |

|sans dommage | | |

|pour ma | | |

|bourse." | | |

|Claude Monet | | |

|"Je sais |[pic] | |

|bien que |"La Maison du pêcheur, Varengeville" | |

|pour peindre|Claude MONET 1882 | |

|vraiment la | | |

|mer il faut | | |

|la voir tous| | |

|les jours, à| | |

|toute heure | | |

|et au même | | |

|endroit pour| | |

|en connaître| | |

|la vie à cet| | |

|endroit-là | | |

|; aussi je | | |

|refais les | | |

|mêmes motifs| | |

|jusqu'à | | |

|quatre et | | |

|six fois | | |

|même." | | |

|Claude Monet| | |

|Dans ce tableau Monet |[pic] | |

|ignore |"La Promenade (Argenteuil)" | |

|l'industrialisation qui |Claude MONET 1875 | |

|gagne Argenteuil pour | | |

|se consacrer à l'aspect | | |

|bucolique d'une | | |

|promenade à travers | | |

|champs. | | |

|"Je suis dans le |[pic] | |

|ravissement, Giverny est|"Champ de coquelicots à Giverny" | |

|un pays splendide pour |Claude MONET 1885 | |

|moi." | | |

|Claude Monet | | |

|Vivre sur l'eau, une |[pic] | |

|habitude et un des |"En Norvégienne" | |

|plaisirs favoris de |Claude MONET 1887 | |

|toute la famille Monet. |Musée d'Orsay, Paris | |

|" J'ai mis du temps à |[pic] |

|comprendre mes |"Nymphéas" |

|nympheas... Je les avais |Claude MONET 1897 |

|plantés pour le plaisir ;| |

|je les | |

|cultivais sans songer à | |

|les peindre...Un paysage | |

|ne vous imprègne pas en | |

|un jour..." | |

|Claude Monet | |

|"On m'apporte les toiles|[pic] | |

|les unes après les |"Le Bassin aux nymphéas" | |

|autres. Dans |Claude MONET 1899 | |

|l'atmosphère, une | | |

|couleur réapparaît | | |

|qu'hier j'avais trouvée | | |

|et esquissée sur une de | | |

|ces toiles. Vite on me | | |

|passe ce tableau et je | | |

|cherche autant que | | |

|possible à fixer | | |

|définitivement cette | | |

|vision. Mais en général | | |

|elle disparaît aussi | | |

|rapidement qu'elle a | | |

|surgi pour faire place à| | |

|une autre couleur déjà | | |

|posée depuis plusieurs | | |

|jours sur une autre | | |

|étude que l'on met | | |

|instantanément devant | | |

|moi... Et comme cela | | |

|toute la journée." | | |

|Claude Monet | | |

|"Je cherche à faire |[pic] | |

|quelque chose que je |"Le Bassin aux nymphéas, harmonie verte" | |

|n'ai encore jamais fait,|Claude MONET 1899 | |

|un frisson que ma |Musée d'Orsay, Paris | |

|peinture n'a pas encore | | |

|donné." | | |

|Claude Monet | | |

|"L'automne dernier j'ai |[pic] |

|brûlé six toiles avec les|"Nymphéas" |

|feuilles mortes de mon |Claude MONET 1914-17 |

|jardin. C'est assez pour |Musée Marmottan, Paris |

|vous faire perdre tout | |

|espoir. Cependant je ne | |

|voudrais pas mourir sans | |

|avoir dit tout ce que | |

|j'ai à dire ; ou au moins| |

|tenté de le dire. Et mes | |

|jours sont comptés... | |

|Demain qui sait..." | |

|Claude Monet | |

|"J'ai beaucoup de peine à quitter |[pic] | |

|Giverny surtout maintenant que |"Les Agapanthes" | |

|j'arrange la maison et le jardin à |Claude MONET 1914-17 | |

|mon goût. " |Musée Marmottan, Paris | |

|Claude Monet | | |

|"Je vous aime parce que vous êtes |[pic] | |

|vous, et que vous m'avez appris à |"Iris jaunes" | |

|comprendre la lumière. Vous m'avez |Claude MONET 1914-17 | |

|ainsi augmenté. Tout mon regret est |Private collection | |

|de ne pouvoir vous le rendre. | | |

|Peignez, peignez toujours, jusqu'à ce| | |

|que la toile en crève. Mes yeux ont | | |

|besoin de votre couleur et mon coeur | | |

|est heureux de vous." | | |

|Georges Clemenceau | | |

|"Ces toiles je les|[pic] | |

|ai brossées comme |"L'Agapanthe (left-hand side of the triptych)" | |

|les moines du |Claude MONET 1920-22 | |

|temps jadis | | |

|enluminaient leurs| | |

|missels ; elles ne| | |

|doivent rien qu'à | | |

|la collaboration | | |

|de la solitude et | | |

|du silence, rien | | |

|qu'à une attention| | |

|fervente, | | |

|exclusive, qui | | |

|touche à | | |

|l'hypnose." | | |

|Claude Monet | | |

|"J'ai dressé mon |[pic] | |

|chevalet devant |"L'Agapanthe (central part of the triptych)" | |

|cette pièce d'eau |Claude MONET 1920-22 | |

|qui agrémente mon | | |

|jardin de | | |

|fraicheur : elle | | |

|n'a pas deux cents| | |

|mètres de tour et | | |

|son image | | |

|éveillait chez | | |

|vous l'idée de | | |

|l'infini." | | |

|Claude Monet | | |


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